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Noueilles : histoire du Château Marty  

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Le plan des bâtiments et du parc, d'après un document de 1668
 
 
 
 
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Cette brève histoire du château et de la famille Marty a été rédigée par Gérard Polack en mai-juin 2002. 

L'âme d'une maison

L'âme d'une maison naît par ceux qui l'ont créée, fait vivre et perdurer. Avant d'être le château Marty, le château de Noueilles, terminé en 1668, fut celui des comtes Polastron La Hillière, nobles et seigneurs de Grépiac, de Venerque et de Noueilles.

Grand ensemble de plain-pied, au parc dessiné par Le Nôtre... Allées de buis et de cyprès qui s'alliaient contre le vent d'Autan, permettant à ses occupants des promenades paisibles et ombragées ou des cueillettes de fruits mûris au soleil du midi.

La bâtisse principale - obligation d'autonomie, à cette époque où les chemins sont trop souvent impraticables - se double de pigeonnier, celliers, four à pain, remises et écuries, d'un chai bien sûr et, en plus d'une énorme cave pour la production locale de vin, d'un souterrain : prémisse sans doute des abris atomiques ! Enfin sur son aile droite, une maison de gardien qui servit plus tard à Jean Pierre Marty pour l'exercice de la perception des impôts.

Du côté de Castelnaudary

Au 17ème siècle, Pierre Marty et son fils Philippe géraient les biens des dames religieuses du couvent de Prouilles, près de Castelnaudary. La lutte était rude entre frères et cousins pour obtenir, à la chandelle, les marchés annuels du couvent : récoltes, fourniture de pain, de vin et même d'hosties.

La famille, appréciée dans le milieu religieux, fut contactée par le curé de Salles-sur-Hers en vue de marier une jeune fille de sa paroisse au fils de Pierre, le jeune Barthélemy, né vers 1750. Son mariage avec Marie Jeanne Lombart fut célébré le 5 février 1778 à Noueilles, où il était installé et gérait le domaine agricole du comte de Polastron.

Entre 1780 et 1791 naissent de cette union, déclarés sur les registres paroissiaux de Noueilles : Paule Angélique en 1780, Louise Antoinette, et en 1782, Jean-Pierre qui va être, avec son père Barthélemy, l'ancrage sans doute définitif dans la région et la racine sur laquelle va se développer la famille jusqu'à l'actuelle propriétaire. 

Au temps de la Révolution

Les années passent, de nombreux troubles vont changer radicalement la face de la France. Des paroles, on passe aux actes. La révolution violente, même meurtrière, fait fuir la noblesse, laissant à la Liberté, à l'Egalité et à la Fraternité la tâche de reconstruire une Nation. De nombreux domaines privés tombés dans le giron de la Révolution vont devenir Domaines Publics, mis en vente par adjudication. Barthélemy, homme sage, fort bon gestionnaire, change ses assignats contre les riches terres et les biens immeubles du comte de Polastron, s'assurant ainsi par fraternité la liberté de posséder une fortune égale à celle de son épouse. Jean Pierre lui succède, et on célèbre à Noueilles, le 3 janvier 1812, ses noces avec la nièce du curé de Saint Léon : Madeleine Gaillard..

En 1808, à 26 ans, Jean Pierre Marty devient maire de Noueilles. Il inscrit sur les registres ses trois enfants, nés dans la commune : Joséphine, en 1817, qui épousera l'avocat Tarbes ; en 1824, Irma Manent, la cadette, qui restera fidèle à Noueilles puisque son époux gérera les biens de Joséphine et ceux d'Emile, né en 1818. Quant à Emile Jules Marie Guillaume, après de solides études au collège de Pamiers, il ira à Paris, sous les conseils de son oncle Joseph, colonel d'infanterie à Valence (Drome), préparer le concours d'entrée à l'Ecole de Saint-Cyr. Il en sortira en 1831 avec le grade de Sous-Lieutenant, ouvrant sur une longue carrière militaire. 

Sa mère meurt à Noueilles le 23 avril 1831, lui laissant en héritage la plus grande partie de ses biens, mais surtout le Château-Marty, qu'il fera surélever d'un étage en vue de son mariage avec une jeune fille de Villefranche-de-Lauragais en 1858. Fille du notaire de la famille, Marie Raffit vivra souvent de longues séparations. Les lointaines garnisons de son époux : Montpellier, Nantes, Beauvais et Bône en Algérie, sont compensées par un volumineux échange épistolaire, témoin d'un réel roman d'amour. Romantisme oblige... Commandant en 1870, Emile servira sous les ordres de Denfert-Rochereau au siége de Belfort et ne devra sa libération qu'à la reddition de Napoléon III.

Germaine

Le 2 mai 1862, "lorsque l'enfant paraît", le bonheur entre dans la famille avec l'arrivée d'une petite fille, Germaine. Choyée par ceux qui l'entourent, en parfaite santé, elle va profiter de précepteurs pour acquérir le savoir et l'éducation que l'on dispense alors aux demoiselles de "bonnes familles".

En 1867, Emile et ses deux sœurs offrent à l'église de Noueilles la cloche qui se trouve encore dans le mur-clocher, entre celle des de Viguerie et celle de la famille Polastron la Hillière. Elle porte leurs noms, mais surtout celui de leur mère Madeleine. En remerciement, le clergé honorera la petite fille et la grand-mère par des vitraux dédiés à Sainte Germaine et Sainte Madeleine dans la chapelle de l'église.

Pour Germaine, le bonheur ne durera que vingt cinq ans à peine. 1886, puis 1887, voient le décès de sa mère, puis de son père. Ils laissent une jeune femme affectivement très atteinte. C'est le tournant de sa vie. Elle quitte son Lauragais natal pour des cieux plus gris : Compiègne, où elle épouse le notaire Victorien Flamant.

Son don pour les arts lui permet de pratiquer la musique et la peinture où elle excelle, de décorer et meubler l'hôtel particulier qu'ils occupent. Les fonctions de son époux l'amènent à donner de nombreuses réceptions pour les clients de l'étude et pour les gens d'importance de la région. Ces nombreuses activités lui laissent néanmoins le temps de mettre au monde sept enfants entre 1888 et 1903. Tout est pour le mieux dans ce monde merveilleux.

D'un exode à l'autre

Pourtant les nuages arrivent. Sarajevo et 1er août 1914 (assassinat de Jaurès) préludent à une guerre qui devait se faire rapide, une fleur au fusil, et qui va être une affreuse hécatombe pour une jeunesse. qu'on va précipiter à la mort. Germaine quitte Compiègne bombardée et se réfugie à Noueilles avec ses deux filles aînées. 1916 lui apprend la mort de son fils cadet, Ivan, à Verdun. Puis l'aîné, Paul, jeune capitaine, est blessé et prisonnier. Champs d'honneur, champs d'horreur...

Et c'est elle qui est atteinte. Les médecins se suivent, émettant des diagnostiques aussi contradictoires qu'inutiles, laissant son mal empirer et une insupportable douleur la briser pendant des années. Elle mourra d'une tuberculose de la moelle épinière le 6 avril 1918. Sur son testament, elle demande que ses "chers parents" soient enterrés à Noueilles, et que le château revienne à son fils Paul Flamant, assurant ainsi la pérennité des liens entre sa famille et le village.

Militaire sorti de Saint Cyr, chef de bataillon, marié à une jeune fille belge de très bonne famille, Paul Flamant sera père de trois enfants : Ivan, Berengère et Gérard, pour qui Noueilles sera le paradis de leurs vacances et l'éclosion d'amitiés jusqu'à ce que l'orage gronde aux accents gutturaux du nazisme.

1er Septembre 1939, tout va basculer dans l'horreur ; les démocraties n'ayant pas su conserver leur honneur, la France sera envahie. Les gens de devoir adhèreront aux réseaux de résistance et nombreux seront ceux qui perdront la vie pour leur combat. Paul, engagé dans le réseau "Alliance" sera dénoncé, arrêté par la Gestapo, incarcéré à la prison de Fresnes et fusillé en Allemagne, à Karlsrhue, le 1er avril 1944. Général Paul Flamant, mort pour la France.

La maison va se dégrader par un manque de moyens et d'unité de gestion. Des bâtiments sont démolis, des toits s'effondrent, le symbolique pigeonnier s'écroule, le parc s'envahit de ronces et de lierre, de nombreux arbres meurent, mais galvanisent la famille qui prend alors des mesures drastiques : on vend les terres agricoles et on désigne Berengère Flamant, épouse Polack, comme unique propriétaire.

L'histoire continue...

Plus de trente ans ont passé. Héritière des Marty et de l'attachement qu'ils lui ont transmis pour Noueilles, elle a mis en œuvre ses qualités artistiques, ses idées toujours fécondes, son courage et sa peine pour tenter de redonner à cette maison une partie des beautés qu'elle a du avoir jadis.

Aujourd'hui, les Marty ne sont plus là ; les noms sonnent différemment. Ce sont des Flamant, des Polack ou des Inman, mais dans leurs veines coule un peu du sang de ces Philippe, Barthélemy, Emile ou Germaine Marty, afin que le château vive et soit, pour longtemps encore, le "Château Marty".

Gérard Polack, juin 2002  

Le château en 1668




Le château de Noueilles et une partie des dépendances, d'après un document de 1668.

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Le Général Paul Flamant, mort pour la France

Paul Flamant, fils de Germaine Marty, petit-fils d'Emile, arrière-petit-fils du Maire Jean-Pierre Marty, sort de Saint-Cyr en 1910, avec les épaulettes de sous-lieutenant. Il est blessé et prisonnier en 1914, fait une campagne en Pologne, devient professeur à l'école des chars de Versailles, grimpe dans la hiérarchie, au choix, et devient Colonel, commandant de l'armée des chars sur le front des Alpes en 1939.IL est nommé commandant militaire du département de l'Aveyron en 1942.

La même année, il intègre la Résistance, dans le réseau "Alliance". Dénoncé en 1943 par un agent double au service des Allemands, il est arrêté par la Gestapo, incarcéré à Fresnes pendant sept mois, puis déporté en Allemagne à la forteresse de Brucksal, où il sera jugé, condamné et fusillé le 2 avril 1944. 

Mort pour la France. 
Croix de Guerre 1914-1918, Légion d'Honneur, Médaille de la Résisitance, Palmes Académiques.

Notice rédigée par Gérard Polack, le 21 octobre 2003

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Quelques éléments biographiques sur les Comtes de Polastron

En 1668, le Marquis de Polastron, seigneur de Noueilles, Venerque et Grépiac, avait plusieurs enfants, dont un fils, le Comte de Polastron, qui eut lui-même trois enfants : une fille, Levis ; un garçon, qui embrassa la carrière militaire ; et une autre fille, Yolande, Martine, Gabrielle de Polastron qui, par son mariage, devint Duchesse de Polignac en 1767.

La Duchesse suivit son mari à la Cour et devint très vite une intime de Marie-Antoinette. La reine donnait très souvent des goûters dans le parc du château et y invitait des jeunes filles nobles et peu fortunées qui y faisaient leur apprentissage de futures dames de cour. Elle y recevait aussi de jeunes nobles, parmi lesquels le Comte d'Artois, alors âgé de 23 ans et frère de Louis XVI.

Jeune officier très apprécié de ces demoiselles, il représentait à leurs yeux l'incarnation du Prince Charmant. Il remarqua une belle jeune fille de 16 ans, Louise d'Esparbès, belle brunette aux yeux de braise, que le délicieux accent de son Armagnac natal parait d'un charme supplémentaire. 

Marie-Antoinette et Madame de Polignac, s'étant prises d'amitié pour cette jeune Louise, l'invitaient très souvent à leurs goûters. Mais bientôt, sentant le danger d'un amour naissant entre le jeune d'Artois et Louise, Madame de Polignac favorisa le mariage de la jeune fille et de son frère, Comte de Polastron, colonel dans le régiment de Monsieur de Lafayette. 

A peine le mariage célébré, le Comte partit combattre en Amériques aux côtés du général Lafayette, délaissant sa jeune épouse. Esseulée, amoureuse, est-ce à cette époque qu'elle devint la maîtresse du Comte d'Artois ?...

Toujours est-il que la Révolution arrive. Polastron, de retour en France, est arrêté, jugé et guillotiné sur le Place de la Nation, son corps jeté dans la fosse commune du cimetière de Picpus. Son nom figure dans la chapelle attenante, avec celui des autres guillotinés. La Comtesse Louise de Polastron pour y retrouver son amant : le Comte d'Artois qui va devenir, plus tard, le roi Charles X. Louise lui restera fidèle jusqu'à la mort.

L'immobilier des Polastron vendu comme bien d'émigrés, Barthélémy Marty racheta les terres, leurs dépendances et le château de Noueilles à la Nation. Seul souvenir de leurs anciens biens fonciers, une petite rue de Venerque porte leur nom : rue Polastron de la Hillière.

Recherches effectuées par Bérengère Polack, août 2002

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